Dubaï, une "prison dorée".

Dubaï, la ville aux deux visages.

Dubaï, au départ une destination de rêve pour les vacances, peut aussi être qualifiée de « prison dorée ». En effet, deux mondes s'y opposent ; le luxe d'une part, l'exploitation d'autre part. Ce texte s'appuie sur des faits observés sur place, en juillet 2011, et sur quelques recherches sur internet.

• Présentation

Il s'agit d'un émirat des Émirats Arabes Unis (EAU), longtemps surnommée la « côte des pirates » elle vivait autrefois de pêche aux perles et d'un peu d'agriculture vivrière. C'est au XX ème siècle que le commerce se développe dans l'émirat, il s'ouvre vers l'Inde. A l'époque sous protectorat britannique, il signe avec le Royaume-Uni une licence exclusive pour l'exploration pétrolière. De nombreux marchands fuient leur pays d’origine pour s'installer à Dubaï, la population a donc rapidement augmenté.

Puis Dubaï connaît une crise et subit la famine jusqu'en 1945. Sous la direction du Sheikh Rashid ben Saïd al Maktoum, Dubaï se relève et devient en 1961, le plus important port et entrepôt de la côte. Ça n'est que dans les années 1970 que Dubaï entre dans l'ère des pétrodollars, cependant elle ne possède que 4% des richesses pétrolières des E.A.U. . Dubaï et les autres émirats obtiennent leur indépendance en 1971 en créant les Émirats Arabes Unis et en adoptant leur propre monnaie commune, le dirham (AED)

Puis Dubaï continue de grandir et de se moderniser ; hauts gratte-ciels, aéroport international. La famille royale voit également en Dubaï un immense centre touristique de luxe, d'où la construction de nombreux hôtels, centres commerciaux...

• Dubaï, lieu touristique de rêve.

 

Des parcs magnifiques sur la côte du Golfe Persique. Jumeira Beach Park 1 & 2, lieux des plus calmes. Douze hectares de superficie, la plage, des aires de jeux et de pique-nique. L'endroit est très agréable. Notons qu'à Dubaï, le climat est subtropical aride. En janvier les températures varient entre 12°C et 25°C (compter 30°C en février/mars). Le reste de l'année, la température peut atteindre les 50°C.

De gigantesques centres commerciaux. Le Mall of the Emirates (quartier Al Barsha) offre une superficie de 250 000m². Ses boutiques sont ouvertes de 10h à 22h (minuit du jeudi au samedi). On y trouve des boutiques de vêtements, de souvenirs, mais aussi des services bancaires et financiers, des restaurants, des cinémas, des salles de prière et même une station de ski.

Des îles artificielles étonnantes, Palm Jumeirah, la plus réputée est en forme de palmier. Sa construction a duré 6 ans. On y trouve des restaurants, des spas, des boutiques mais également Aquaventura (aquarium géant), la Dolphin Bay (baie des dauphins) et de nombreux hôtels tel qu'Atlantis.

Autre hôtel splendide, al Burj al Arab******* ( Tour des Arabes, sept étoiles), il mesure 321m de hauteur, sa construction a duré cinq ans.

Les lieux de loisirs sont nombreux à Dubaï. Wild Wadi Waterpark par exemple avec ses nombreuses piscines à vague et ses toboggans gigantesques.

LA plus haute tour du monde, al Burj Khalifa et ses 828m de hauteur, sa construction a duré six ans. A proximité, on trouve Dubaï Fountain avec les jets les plus hauts du monde, mais aussi Dubaï Mall, autre gigantesque centre commercial.

A Dubaï, une impression que tout est possible, et presque tout l'est... Par exemple visiter le monde marin sans se mouiller, c'est ici possible. L’aquarium situé dans le Dubaï Mall est un des plus grands réservoirs dans le monde. Il compte environ 33 000 animaux de diverses espèces marines.

Le traditionnel tour du souk devient à Dubaï une expérience surprenant au Souk Madinat Jumeirah, on y trouve de nombreux restaurants de toutes spécialités (indienne, chinoise, marocaine, française, italienne, libanaise...), des vendeurs d'or, des vêtements traditionnels...

En effet, Dubaï a vraiment des atouts indéniables qui attirent toujours plus de touristes. Elle s'est lancée dans la course aux projets les plus fous. Pour construire ces bâtiments toujours plus hauts, toujours plus vite, elle exploite des centaines de milliers d'ouvriers venus d'Inde, du Pakistan ou encore de Chine.

Petite anecdote, lors de mon voyage à Dubaï, dans le quartier Al Barsha, trois commerces se sont ouverts sur le même trottoir en dix jours.

Dubaï incarne la démesure, le rêve pour de riches touristes, c'est là-bas que les construction sont les plus rapide au monde.

Aujourd'hui, l'immobilier lui rapporte presque plus que le pétrole. Les clients majoritaires sont Russes, Allemands et Anglais, ce sont aussi de gros investisseurs.

• Mais qui sont ceux qui construisent ces bâtiments gigantesques en si peu de temps ?

  

Premièrement, il convient de dire que ces ouvriers n'ont ni le droit de syndicat, ni celui de grève. Ils travaillent jusqu'à quinze heures par jour. Les journées de travail sont sans fin, 24heures sur 24, avec deux équipes qui se relaient. Des bus sont à leur disposition pour les ramener dans leurs logements situés à plus d'une heure de trajet.

Ces ouvriers représentent 80% de la population face à une société minoritaire d'émiratis qui gère la finance, l'économie et la politique.

Ces ouvriers sont comme prisonniers de ce système. En fait, ils ont signé un contrat dans leur pays d'origine. Celui-ci leur garantissait un salaire minimum, un logement propre, un accès aux soins médicaux. Mais après leur arrivée dans l'émirat, ils sont forcés de signer un nouveau contrat qui stipule qu'en cas d'accident, l'entreprise n'est nullement responsable. Leurs passeports sont confisqués, il leur est donc impossible de changer d'entreprise ou de rentrer dans leur pays d'origine.

Les salariés les plus prisés sont les Chinois, le visa leur est délivré facilement, ils sont en effet rémunérés bien moins que les ouvriers Indiens, et ils travaillent plus vite. 

Leur salaire réel est d'environs 18 AED par jour (environ 4€).

L'été, la température peut atteindre les 50°C. Malgré la loi qui impose une pause journalière entre midi et seize heures les jours de hautes température, ils sont forcés de travailler, les entreprises préférant payer des amendes que de l'appliquer.

En cas d'accident du travail, le salaire n'est plus versé, l'ouvrier ne reçoit aucune indemnité et les frais d'hospitalisation sont à sa charge.

Ils sont logés dans des camps à l'extérieur de la ville, environ sept ou huit dans une chambre de 12m². Ces bâtiments semblent de l'extérieur très confortable mais
lorsqu'on y entre ils ne semblent pas terminés, sans électricité.

Quand on les questionne, les ouvriers n'osent parler de peur d'être expulsés, le plus difficile pour eux semble de travailler sous la chaleur intense. Ils sont révoltés d'être ceux qui construisent ces bâtiments et ceux qui n'en profitent pas faute de moyens, ils ont le sentiment d'avoir été trompés.

• Le point de vue des investisseurs et des autorités

Selon eux, les ouvriers sont ici de leur plein gré et très heureux. Ils rappellent que le recrutement se fait sur la base du volontariat. D'où d'ailleurs l'absence de syndicats ou du droit de grève jugés inutiles par les autorités.

Les consulats et ambassades sont impuissants face aux autorités locales. Les médias en parle peu. Le problème étant encore plus difficile à dénoncer dans un marché ultra-libéral qui n'a apparemment pas le temps pour des questions d'ordre social.