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Zarafa
19 juillet 2012

Lecture - Sociologie Urbaine

socio urbaineUn petit bouquin plutôt interessant et rapide à lire, il donne une définition complète de ce qu'est la ville certes en tant qu'espace mais n'oublie pas les autres aspects qu'elle revêt notamment le fait qu'elle soit un lieu de rencontre, une mosaïque vivante. C'est à dire une population mixe avec des relations entre elles et des "trajectoires". On comprends mieux certaines questions qui restent d'actualité; la division sociale, le concept de ségrégation urbaine..

C'est justement cette notion de ségrégation urbaine qui a retenu mon attention.

Au sens étymologique, ségrégation =  segregare qui signifie mettre à l'écart (latin). Mais ce terme est polysémique et revêt plusieurs définitions: intentionnalité de mise à l'écart d'un groupe social, inégale localisation des groupes sociaux dans l'espace urbain. Marx parlera ensuite de ségrégation des ouvriers ; les groupes sociaux étant inégaux quant à l'accès aux biens de la ville et même de triple ségrégation ces ouvriers n'ayant pas le choix quant au lieu et à la qualité de leur logement. (Le choix est une notion à prendre en compte lors de notre analyse car il définit la ségrégation). En résulte une inégalité d'accès aux équipements collectifs et une distance  imposée entre le lieu de travail et le domicile. Le terme de ségrégation peut enfin revêtir toute forme de regroupement spatial qui associe des populations défavorisées à des territoires circonscrits, c'est le cas en France des banlieues dites sensibles. On parle en fait de ségrégation lorsqu'il en résulte des inégalités ou des pénalités. Cette ségrégation peut également s'établir en fonction des catégories socio-professionnelles d'après Weber, les catégories sociales sont caractérisées par le niveau de ressources des individus, par la place qu'ils occupent sur l'échelle du prestige et par leur participation à la vie publique.

La ségrégation recouvre d'une façon plus générale les diverses formes de divisions sociales de l'espace, comme l'a dit Henri Lefebvre : La ville est la projection au sol des rapports sociaux. Il y a un rapport historique entre la ville et l'industrialisation qui produit de nouveaux modes de division technique, sociale, du travail.

De cette ségrégation résulte d'abord des inégalités spatiales mais aussi un risque que les espaces ségrégés ne deviennent des espaces de sécession. William Julius Wilson utilisera le terme d'underclass pour désigner les habitants des ghettos. Il expliquera qu'il y a un certain nombre de conséquences négatives à cette ségrégation notamment l'échec scolaire, l'auto-limitation des relations sociales, la perte des emplois dans les centres villes et à une échelle plus forte des phénomènes de délinquance et de criminalité. D'un point de vue général, on remarque alors des différences de localisation entre les groupes selon leur position sociale ou leur origine ethnique ce qui conduit à des chances inégales d'accès aux biens offerts par la ville. Les quartiers ont alors une tendance à être tirés vers le bas puisqu'ils regroupent des personnes démunies et/ou défavorisées.

Thomas Schelling décrit trois processus de ségrégation : La ségrégation peut découler d'une action collectivement organisée, légale ou non. C'est le cas par exemple des ghettos aux USA en rapport avec l'apartheid. Elle peut aussi être un simple effet des inégalités causées par la différenciation sociale. Enfin, elle peut être le résultat collectif de comportements individuels discriminatoires. Dans une analyse individualiste, Thomas Schelling prend en compte la tolérance des individus à leurs voisins, en effet, il montre que lorsqu'un individu ne supporte plus ses voisins, il déménage. Ce sont alors les préférences individuelles qui déterminent la ségrégation urbaine; cette ségrégation peut être subie par des individus mais elle peut aussi être choisie et voulue par d'autres.

On parle de ségrégation subie lorsqu'il y a législation. La ségrégation urbaine s'accompagne alors de discriminations. C'est le cas des regroupements de Juifs dans les ghettos des grandes villes Européennes suite aux lois de Nuremberg. Elle se double donc d'une ségrégation sociale et même dans ce cas raciale.

Il s'agit en fait d'une relégation spatiale, les individus n'ont pas le choix car ils sont moins favorisés. La ségrégation en France est un des aspects de la planification urbaine d'après guerre utilisée pour répondre à une forte croissance économique et ayant pour objectif d'améliorer la qualité des espaces urbains.

Mais en découlera des années plus tard une ségrégation ethno-raciale suite à une manifestation d'un grand nombre d'Algériens qui dénoncent leur concentration dans les bidonvilles,  le Gouvernement  a peiné à prendre conscience de ce fait à cause de son refoulé national quant à son passé colonial.

On constate aujourd'hui un nombre important d'immigrés dans les ZUS, ils sont peu représentés sur le marché du travail car peu formés ou qualifiés. C'est en cela que la ségrégation urbaine est doublée d'une ségrégation sociale. La ségrégation révèle ici un aspect négatif, car les populations concernées sont pénalisées, ils doivent faire face à de réelles difficultés qui peuvent parfois les pousser à se tourner vers d'autres voies telles que la délinquance par diverses activités illégales.

La formation de ces "enclaves" relèvent du schéma modulaire : la ville est constituée de noyaux de populations qu'on établit sur tel ou tel territoire en fonction de leur appartenance sociale, religieuse...). Ces individus repoussés dans les banlieues ne peuvent s'établir en centre ville car les emplacements y sont très convoités et ont un coût élevé. Les prix fonciers et immobiliers participent alors à cette ségrégation que l'on qualifiera de ségrégation résidentielle.

Selon Louis Wirth, l'intégration des immigrés passe par plusieurs étapes. Tout d'abord leur inscription dans un territoire spécifique puis par cheminement diversifié au sein de la ville. La ségrégation est alors perçue comme un relai qui a un but d'adaptation. Sortir du ghetto est alors une marque d'intégration dans la société.

Dans certains cas, la ségrégation ne résulte pas d'une logique socio-économique mais d'une préférence des individus quant aux origines ethniques de leur voisinnage. Il y a alors un avantage pour les groupes sociaux concernés puisqu'ils peuvent préserver leur culture, leur langue d'origine. Le risque est que le groupe se referme sur lui même et soit opposé au système social. Les relations sociales au sein de ce groupe seront moins superficielles et éphémères mais les relations entretenues avec le centre sont au contraire source de tensions et produit une hétérogénéité sociale voire culturelle.  Il s'agit là d'une logique communautaire construite autour d'une culture commune, une conscience de classe... C'est le cas par exemple de la Cité du 156 rue Raymond Losserand dans le XIVème arrondissement de Paris; microcosme du Paris populaire.

Autre exemple de ségrégation voulue, le déplacement de groupes sociaux par exemple à Paris où la classe supérieure ou bourgeoisie migre vers l'Ouest dans des quartiers neufs ou encore les gated communities : communautés fermées au sein desquelles l'espace public devient espace privé avec des entrées contrôlées. En France, c'est le cas de Super Cannes crée en 2000. Ce phénomène immobilier est d'abord réservé aux fortunés et aux classes aisées. Le but étant de garantir la sécurité et la recherche de l'entre-soi des classes supérieures. On peut alors parler de ségrégation choisie ou voulue lorsque le lieu d'habitation est choisi par les populations riches en fonction de l'envie de vivre dans des conditions de vie meilleures.

On peut également parlée de ségrégation "entretenue", lorsque les habitants refuse l'évolution et l'amélioration de leur "façon d'habiter". C'est le cas notamment à Trappes dans les Yvelines (78) où les habitants décident de rester malgré un prix élevé et la mauvaise qualité de leur logement.

La ségrégation relève d'une explication sociale et institutionnelle. La ségrégation urbaine est donc bien un obstacle à l'intégration sociale puisque le fait de concentrer les populations en difficultés dans des quartiers sensibles revient à augmenter leur distance sociale.  Pour lutter contre ce problème, il faut relancer la mobilité sociale et réellement mettre en place une égalité au sens propre par le biais de la politique et s'intéresser de plus près au rôle des espaces sociaux (école, travail, équipements collectifs...) qui doivent devenir les "garants" de la connexion sociale. Il s'agit d'équilibrer deux processus; le premier qui empèchent le mouvement vers le centre et qui bloquent cet accès, le second qui repousse à la périphérie et qui exclue certaines personnes. Des lois ont été mises en oeuvre par le gouvernement ( voir plus bas).

Pour réduire cette ségrégation il faut prendre en compte divers facteurs de la société : premièrement le coût économique de la ségrégation urbaine, deuxièmement la démographie car elle est un bon outil pour mesurer l'évolution des populations. Ensuite, il faut s'intéresser au marché du travail, qui influe sur le taux de chômage, le chômage étant un facteur qui participe à ce qu'on peut appeler "l'assignation résidentielle", qui est un des facteurs de la ségrégation urbaine. L'éducation, tout comme le travail est un facteur d'intégration sociale, il en est la base puisque garant de la connexion sociale.

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